Ceux qui renoncent consciemment à voyager en avion, qui n’utilisent la voiture que dans des cas urgents, qui étendent leur linge sur un fil, qui achètent des produits provenant de leur propre pays, qui exploitent leur installation solaire photovoltaïque, etc., etc., se rendent compte un jour ou l’autre qu’ils ne peuvent rien faire pour arrêter la catastrophe climatique planétaire. La teneur en CO2 dans l’atmosphère et la fréquence des catastrophes augmentent, des voitures énergivores continuent d’être fabriquées en série, le nombre des offres bon marché pour se rendre à Ténériffe ne diminue pas et le ministre allemand de l’environnement, en personne, exige la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon.


Un jour ou l’autre, un sentiment d’impuissance nous envahit. C’est comme si nous revivions pour la première fois une expérience humaine, vieille comme le monde: Il y a des dangers et des défis qui ne peuvent être surmontés ou résolus que par la société.


Une période importante de l’histoire de l’humanité a été marquée par le fait que les hommes se sont associés pour résoudre ensemble des grandes tâches – brièvement, qu’ils ont appris à s’organiser pour des intérêts les plus divers.


Aujourd’hui encore, les hommes s’organisent pour résoudre des tâches communes. La création de sociétés anonymes et de SARL est en pleine expansion. Toute une filière universitaire, la gestion d’entreprises, étudie les questions suivantes: comment une entreprise peut-elle réaliser aussi vite que possible une plus-value et comment la direction ou un actionnaire peuvent-ils réaliser un bénéfice personnel?
De plus en plus, l’accent est mis sur le «Je», sur «l’instant présent» et sur «l’argent». Une telle forme d’organisation est déjà de par sa façon de penser inappropriée pour combattre la catastrophe climatique imminente. Car, selon ce principe, un bénéfice réalisable tout de suite, vaut mille fois plus que des dommages, qui n’apparaîtront que bien plus tard. Toutes les pertes à venir sont chiffrées et «actualisées» sur la valeur du jour.
Il en est de même pour l’économie politique, qui s’occupe du bien-être de tous les peuples. Pertes et catastrophes, mais également bonheurs futurs, c’est-à-dire le bonheur des générations futures sont «actualisés» et classés, de ce fait, comme étant sans valeur. Ainsi, avec de tels raisonnements, les hommes perdent – pour l’exprimer avec une notion de biologie – leur « instinct de couver».


C’est pourquoi, pour parer à la catastrophe climatique imminente, nous devons changer de mentalité et nous organiser autrement. Or, cette mentalité et cette organisation existent déjà depuis plusieurs siècles, mais, nous les avons tout simplement laissées à tort de côté. Prendre des dispositions pour l’avenir, améliorer les infrastructures, protéger les citoyens de la criminalité dans le pays et des menaces venant de l’extérieur, assurer aux enfants et aux jeunes une bonne formation scolaire, c’était et c’est toujours le devoir de l’Etat. Cependant, l’Etat est devenu une organisation bafouée, qui n’est plus prise au sérieux. Les fonctionnaires font plutôt l’objet de plaisanteries et l’administration fiscale est victime de fraudes! Aujourd’hui, l’image idéale de l’Etat est, selon les néolibéraux influents, un Etat «dégraissé» sous-entendu impuissant, dans lequel la privatisation commence déjà par les organismes de prévoyance et finit par l’approvisionnement en eau potable.


Aujourd’hui, la devise: «l’Etat, c’est nous!» suscite encore, tout au plus, de l’étonnement.


Où est passée l’époque, où c’était encore un honneur de servir l’Etat?
Aujourd’hui, les métiers au service de l’Etat, tout comme celui d’homme politique, font partie des métiers les plus méprisés. Les conséquences sont néfastes: «Un homme droit ne fait pas de carrière politique». Il est facile de s’imaginer, jusqu’où la stricte observation d’un tel dicton, largement répandu, peut mener.


Nous, qui nous préoccupons du changement climatique, nous ne devons en aucun cas laisser les commandes du pouvoir aux autres. Il faut se rappeler les idéaux d’une véritable démocratie: s’informer, participer et soutenir des hommes politiques sérieux menant une bonne politique! Nous sommes donc tous sollicités! L’Etat n’est pas une vache à lait, mais c’est la seule organisation qui puisse assurer notre survie.


C’est pourquoi, nous avons besoin d’un Etat fort qui puisse faire face à l’économie et à ses exigences et qui mène avant tout une politique de prévoyance.


Version allemande: Die Ohnmacht des Einzelnen